Une histoire fascinante et mystérieuse nourrit les débats depuis le XIe siècle : celle des Assassins d'Alamut qu'on appelle aussi les Ismaéliens nizârites. Les pires histoires ont été forgés à leur endroit par leurs ennemis sunnites et colportés par les Croisés dans l'Occident médiéval, alimentant des légendes noires. La réalité de cet Ordre est cependant tout autre.
Si les Assassins ont élaboré des techniques d'infiltration et d'assassinats ciblés visant les pouvoirs qui s'opposaient à leur désir d'être libres dans leur pays, leurs actions ont longtemps occulté leur vraie nature spirituelle.
Un jeune Iranien, asan abb h, fuyant un Caire corrompu, fut responsable, au XIe siècle, de cette importation dans son Iran natal où il se réfugia à Alamut, un « nid d'aigle » au coeur des montagnes de l'Elbrouz. Ce fut le début d'une aventure sans pareille qui, jusqu'au milieu du XIIIe siècle, sema la terreur au Moyen-Orient où tous les coups et les alliances les plus improbables étaient jouables, mais qui permit surtout la survie d'un Ordre à la discipline implacable, lié par une culture du secret, une doctrine ésotérique aux hautes valeurs morales et une volonté farouche de défier ses contempteurs.
Yves Bomati explore ainsi, des sources anciennes aux plus modernes, orientales et occidentales, les dessous trop méconnus d'un Ordre médiéval iranien, dépecé en 1256 par les Mongols, mais qui a survécu dans la clandestinité puis, à partir de 1818, dans les actions multiples et généreuses des Aga Khans, ses héritiers spirituels directs.