L'histoire s'ecrit de plus en plus au prisme de la subjectivite de l'auteur, comme si, pour l'ecrire, il fallait reveler l'interiorite de ceux qui la font, mais aussi celle de ceux qui l'ecrivent. Ni histoire au sens conventionnel du terme, ni autobiographie, c'est un nouveau genre hybride qui a pris forme en remportant un succes considerable. La sparation entre histoire et roman est brouille par une nouvelle interaction : les enqutes historiques sont crites comme des romans, avec des intrigues haletantes dont le hros est souvent l'auteur lui-mme, et les romans sont de plus en plus inspirs par l'histoire. Il suffit de penser des auteurs comme Laurent Binet, Emmanuel Carrre, Javier Cercas, Daniel Mendelsohn, W.G. Sebald, etc. Cet essor du moi soulve des questions fondamentales sur le rapport entre vrit historique et vrit romanesque ou sur le statut pistmologique de l'criture la premire personne. Il soulve aussi d'autres questions plus profondes concernant le monde dans lequel nous vivons. L'histoire est affecte par une nouvelle forme de vie axe sur l'individualisme. Ce texte, qui n'est ni un portrait charge ni un pamphlet, interroge les tenants et les aboutissants de cette mutation dans l'histoire.