Une cure de désintoxication entre tragédie et comédieDurant tout le récit, l'humour et l'amour se mêlent, la difficulté de communiquer se fond à celle de vivre, alors que ce voyage semble en fin de compte dérisoire : une poignée de bonshommes qui s'agitent dans une nature joliment restituée. Roman de mours et de caractères, La Griffe prend aussi une dimension satirique, dont l'ironie vient égratigner jusqu'aux douces manies helvétiques.Un premier roman efficace pour cet auteur qui s'impose ainsi parmi les meilleurs romanciers de son tempsEXTRAITC'était mon tour. Les autres me regardaient avec l'intérêt poli de la première rencontre, et le Dr Schnieder se fendait d'un sourire engageant. J'ai commencé à transpirer. J'aurais voulu dire quelque chose de provocant ou d'humoristique, mais rien ne venait. Le malaise se répandait. J'ai tenu encore trois secondes, comme on garde la tête sous l'eau, puis je me suis dégonflé.- Grin? Michel Grin. J'ai vingt-cinq ans?- C'est bien de se décider assez tôt? Quelle est votre profession, monsieur Grin ?Toujours ce sourire, cet accent alémanique, cette voix chaleureuse, et les autres qui attendaient la suite? Ça n'aurait pourtant pas été difficile de les tenir à distance, au moins de plaisanter? Je n'ai pas osé. J'ai haussé les épaules.- Je fais du marketing pour une firme de produits pharmaceutiques.On a échangé quelques banalités à ce sujet, puis, comme j'étais célibataire, il a laissé les enfants pour passer tout de suite aux hobbies. J'ai répondu que je n'en avais pas. Il souriait de plus belle, avenant, sympathique à n'en plus pouvoir.- Vraiment ? Pas de tennis, pas de ski ?? Vous allez à la piscine, quand même ?CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE"Avec ce livre, Jacques-Étienne Bovard signe une réussite et affiche une maturité étonnante. Les personnages sont brossés avec talent, les ressorts et rebondissements romanesques sont distribués avec intuition.
Coups de griffe dans la montagne: une cure de désintoxication tourne au drame bouffon. Le premier roman de Jacques-Étienne Bovard est une pure réussite. Il est rare qu''un premier roman s''impose d''emblée par la fermeté du récit, par cette manière d''en tenir la bride avec autant d''autorité que de souplesse, d''en contrôler le rythme, les écarts, les haltes, en sachant aussi le faire avancer à coups de fouet. Telles sont pourtant les qualités de Jacques-Étienne Bovard qui a une trentaine d''années...
MICHEL AUDÉTAT, L''Hebdo
......Or voici qu''il fait une entrée remarquée, et remarquable, dans le cercle à notre sens très restreint des authentiques romanciers. Mieux: en maniant avec bonheur des outils narratifs classiques, il donne une oeuvre aux résonances contemporaines...
......Avec ce livre, Jacques-Étienne Bovard signe une réussite et affiche une maturité étonnante. Les personnages sont brossés avec talent, les ressorts et rebondissements romanesques sont distribués avec intuition. Quant à l''écriture, elle sonne juste de bout en bout: il n'y a aucune pose là-dedans, mais une santé et une solidité qui ravigotent.
RENÉ ZAHND, Le Passe-Muraille